De l’importance de protéger nos forêts et de privilégier l’or labellisé


Actors of Change / dimanche, mai 10th, 2020

Les dégâts causés par l ‘orpaillage illégal en Guyane française 

 

La Guyane française, magnifique territoire d’Amérique du Sud et département français situé à hauteur de l’équateur, principalement connu en raison de son centre spatial et de sa base de lancement de la fusée Ariane, recèle de nombreux trésors naturels. 

J’ai eu la chance d’y vivre pendant 6 mois, à Kourou, à proximité du centre spatial et des plages bordées de palmiers. Mais qu’est-ce qui m’a le plus marquée ? Sa forêt tropicale ! La Guyane est un territoire recouvert à 97 % par la forêt équatoriale. Ce vaste territoire est un des milieux les plus riches au monde par sa biodiversité. En effet, il est occupé majoritairement par la forêt primaire. Plus de 5000 milles espèces végétales et animales y ont été répertoriées, dont plus d’un millier d’essences forestières différentes, et on a recensé jusqu’à 740 espèces d’oiseaux et … 350 000 espèces d’insectes ! Sans compter celles qui n’ont à ce jour pas encore été découvertes …

 

Un paradis vert émeraude 

Je me souviendrai toujours du jour où j’y ai posé mes premiers pas : c’était aux alentours de Kourou, au niveau de la Montagne des Singes. Dès que vous commencez à vous introduire dans son antre, vous êtes d’emblée accompagnés par le cri des oiseaux que l’on nomme les « sentinelles ». En effet, leur rôle est de prévenir les habitants de la forêt de la venue de nouveaux visiteurs. Leur cri est typique et reconnaissable de loin. Leur chant résonnera à jamais dans ma mémoire …

Votre regard est inévitablement tourné vers la hauteur démesurée des arbres qui peuplent ce gigantesque paradis vert. Ce n’est pas pour rien si on la nomme le paradis émeraude …

Ici et là, des papillons morpho apparaissent et complètent cet univers aux infinis dégradés de vert avec leur propre tonalité de bleu électrique. Des fleurs aux corolles géantes jalonnent les fourrés et tapissent le décor de leurs milles couleurs … Le tableau en est stupéfiant de mille tonalités, mais aussi de tranquillité …

Toute la faune, à peine visible étant donné l’amoncellement de plantes et d’arbustes les plus divers, coexiste et vit en équilibre. Si vous avez de la chance, vous apercevrez peut-être furtivement un singe s’élançant de manière très acrobatique d’une branche à l’autre, ou bien un paresseux se reposant à la cime de son arbre …

Ceci, sans parler des nombreuses espèces marines, en particulier les tortues qui trouvent sur les plages guyanaises leurs lieux de nidification annuels, et notamment, la plus grande de toutes, la tortue luth.

 

De la triste ruée vers l’or …

Cet équilibre présent depuis des siècles voire des millénaires, est aujourd’hui clairement menacé. Outre le braconnage, il s’agit principalement de l’orpaillage illégal qui fait des ravages dans ce paradis vert. C’est en 1855 qu’un site aurifère est pour la première fois découvert en Guyane. Le début du 20ème siècle est synonyme d’une recherche effrénée de gisements.

Or, cette activité n’est pas sans conséquences sur ce territoire vert : les eaux, rivières et ruisseaux environnants, se voient pollués par le mercure utilisé pour la purification de l’or et rejeté en pleine nature, empoisonnant ainsi les réserves d’eau et les poissons. En outre, les gens engagés dans ces mines sont en général des clandestins (les garimpeiros) qui ne bénéficient nullement d’une sécurité d’emploi ou de conditions de travail dignes et sécures.

Par ailleurs, les communautés d’Amérindiens vivant dans les zones alentours vivent d’une économie de subsistance où la pratique de la pêche tient un rôle très important dans la recherche d’aliments. Ces communautés constatent également, depuis l’arrivée massive de ces garimpeiros, une pression accrue sur le gibier qui constitue leur réserve de nourriture ainsi que des problèmes d’insécurité …. sans compter la menace de la propagation du coronavirus dans les populations autochtones !

 

A la pollution au mercure !

Dans ce paradis vert, le rejet du mercure dans les eaux avoisinantes provoque de réels dégâts : ce métal lourd, déversé dans les eaux se retrouvent accumulé dans les poissons consommés par les Amérindiens. Or, la consommation de mercure est très nocive et peut provoquer ce que l’on nomme l’hydrargyrisme, autrement dit des risques d’une détérioration du cerveau, une atteinte du cervelet, des troubles digestifs ou encore des insuffisances rénales, …

D’après le WWF, 157 000 hectares de forêt guyanaise furent détruits par l’activité aurifère entre 2001 et 2018 ! Il s’agit d’un véritable saccage d’une des plus belles et des plus anciennes forêts au monde !

 

 

Sources :

A. Calmon, La forêt guyanaise, entre valorisation et protection des ressources écosystémiques.

Guyane : comment la France gère-t-elle « son » Amazonie ?, bfmtv.com

G. Delanoe et J. Cabaço Roger, En Guyane, l’orpaillage illégal s’intensifie pendant la pandémie, Reporterre, le quotidien de l’écologie, https://reporterre.net/SPECIAL-OUTREMER-En-Guyane-l-orpaillage-illegal-s-intensifie-pendant-la-pandemie

https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/matiere-tout-savoir-mercure-698/page/6/

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